On a commencé l'année très
fort en hébergeant le dernier premier AAB du millénaire (à l'époque,
on croyait encore avait enfin compris que le 1er janvier 2001
était le premier jour du millénaire d'avant). En fait, le problème était
de faire l'AAB (Appel à la bouffe), qui est une coutume qui consiste à réunir
physiquement des internautes qui ont plutôt
l'habitude de connexions virtuelles, par le biais du forum fr.rec.cuisine, dont
on imagine bien qu'il est davantage consacré à l'échange de recettes à
exploser le taux de cholestérol qu'à prosélyter l'ascétisme. Ce type de réunion
implique que chacun amène beaucoup trop à manger et à boire pour tous les
autres. MAIS QUE DU BON. On en héberge d'ailleurs un certain nombre. Entre les
huîtres (en gelée) de François, le saumon des Renaux, la compote de lapin d'Elisabeth
et le "gâteau de peau d'âne" d'Ysabeau, précédé et suivis de
quelques zakouski(s) maison, ce fut bien bon. Sans compter qu'il n'y avait pas
que des glaçons à sucer. On a donc remis çà pour les restes dès le
lendemain. Puis
repos.
Le 1er février, conformément aux prévisions du Journal Officiel, je suis devenu général. Qu'on se rassure : cela ne fait absolument pas mal, ni de bien d'ailleurs. On se réveille comme on s'est endormi. Sauf si on a violemment fêté çà la veille ce qui n'était pas le cas. Il faut cependant un certain temps : 1) pour ne pas se retourner pour regarder derrière soi pour voir à quel général le mec d'en face s'adresse 2) pour dire Général Brisset au téléphone 3)pour s'habituer à dire "Madame la Maréchale à Françoise. Pour seulement six mois, je trouve même que c'est beaucoup d'efforts. Enfin, je ne boude pas mon plaisir. On se sent considéré : on a le droit à des fauteuils au premier rang dans les conf chiantes où l'on représente le chef et une carte de réduction SNCF valable à vie. Le plus beau compliment que j'ai reçu : "si tu y es arrivé, c'est que l'Armée de l'Air n'est pas totalement mangée par le politiquement correct".
Pour digérer toutes ces émotions, nous sommes partis, profitant de la fermeture du Sénat pour cause de campagne électorale, au Vietnam. Royalement accueillis à Hanoi par les bons soins de Bernard et de Nelly Staub, connus dans une vie antérieure. A l'arrivée à Hanoi, accueil par les Staub, installation dans une petite pension de famille aussi confortable que bien située, et premier shopping : le but du jeu étant de se faire confectionner (pour Françoise), autant de vêtements que possible. Séance d'achat de tissus (J'y étais. On dit que le supplice du pal est horrible, mais .), départ pour la couturière, prise de mesures et c'est parti.
Dix jours à Hanoi, alternant les excursions (baie d'Along terrestre, vraie baie d'Along, deux jours et une nuit chez les montagnards, visites diverses dans Hanoi et aux alentours), le shopping/ballade dans une vieille ville qui est un vrai marché à l'asiatique comme nous l'aimons, les séances d'essayage, pour un super résultat et quelques bonnes bouffes variées.
Le 7, départ pour Saigon, où nous avions aussi un bon hôtel retenu par l'ami Staub. Le lendemain, début de la découverte de la ville. Alors que nous déambulions paisiblement dans un quartier où aucun blanc n'avait mis les pieds depuis les bérets verts, Françoise s'est faite agresser par un indigène en mobylette qui voulait lui arracher son tour de cou. F est tenace, elle a sauvé le collier, mais s'est retrouvé au sol, un peu traînée par terre, genoux et coudes râpés très fort. Les vietnamiens présents ont été très gentils, premiers soins et aide. Puis l'hôpital vietnamien : ZOLA sans la rose blanche. Le dépôt de plainte au commissariat local : je ne crois pas que cela serve beaucoup. Un petit tour au consulat de France, pensant que le consul serait intéressé par une information à faire rebondir vers les Français touristes. Erreur !! Monsieur ne veut pas être dérangé, c'est tout. Par contre le toubib du consulat, jeune coopérant, est fort sérieux.
L'incident ne nous a pas fait changer d'avis ni sur les vietnamiens (positif), ni sur certains employés du Quai. L'ambassadeur, auquel Françoise a fait un petit courrier, lui en a gentiment donné acte. Malheureusement, cet incident avait limité son autonomie, restreignant ainsi la découverte de Saigon.
Retour : pas de pb, sauf qu'il est dur de retrouver la météo parisienne après les 32° de Saigon. Surtout pour découvrir une fuite dans le garage : une semaine de bagarre pour trouver un plombier et à quel prix !!!!!
Nous voici donc de retour mi mars, avec en tête l'objectif suivant : préparer le départ dans le Sud (pour les sinologues, subtile référence au voyage effectué par Deng Xiaoping dans le sud de la Chine en 1992). Lassés de la météo parisienne, nous avons en effet décidé de brûler nos vaisseaux, en vendant le Mesnil et en allant nous installer dans la région de Montpellier, en location d'abord et en recherche d'un achat sympa.
Nous avons profité d'un colloque début juin à l'Université de Montpellier pour descendre tous les deux, Françoise se chargeait de la recherche d'un toit pendant que je pérorais sur les rapports Pékin Taiwan. On pensait que ce serait facile : errare humanum est. Françoise a dû se battre comme une diablesse pour arriver à trouver trois adresses de location. Nous avons pris la moins mauvaise, où nous sommes toujours. Cher, pas bien foutu, mais disposant d'une remise (on dit un magasin ici) où l'on pouvait stocker le déménagement, qui fait quand même 80 mètres cube. Ce qui fut fait entre le 10 et le 13 juillet. Une fois cette tâche énorme accomplie, plus rien ne me retenait à mes obligations militaires, d'où permissions suivie d'une cessation d'activité dans la foulée.
Nous voici donc repartis à Playa, pour y vivre la belle vie habituelle. Sauf que cette année, nous avons fait la connaissance de gens que nous croisions depuis des années sur la plage sans les rencontrer et avec lesquels le courant passe ..très bien. Nous avons désormais un vrai groupe d'amis sur place. Visite de Sophie, et aussi d'Anne Perrin accompagnée de son Jérôme et de Hugo. Le séjour a aussi été interrompu pendant quelques jours pour un grandiose AAB (voir définition au paragraphe I) qui se déroulait à Port la Nouvelle, et à la suite duquel les Leloup sont descendus faire une reconnaissance à Playa, où ils espèrent trouver un nid de vacances.
Retour sur Cournonterral le 3 septembre, pour y prendre nos quartiers d'hiver. Avec un peu de chance et un peu d'efforts, l'intégration dans une vie de village a été rapide. Bridge ( jusqu'à 5 séances dans la semaine pour Françoise, replongée dans son rôle de prof et d'animatrice) et activités paroissiales, toujours pour Françoise, chargée du fleurissement de l'église et de la réalisation de la crèche.
Pour moi, je comptais devenir un universitaire pépère, avec un cours de DESS à Paris XIII et un cours à l'IEP de Lille, un peu de recherche à l'IRIS, quelques conférences .Une erreur de pilotage répétitive, vraisemblablement due à la malveillance, le 11 septembre 2001 à New York et Washington, m'a valu un gros surcroît d'activité. Les radios et journaux se sont trouvées en panne d'"experts" ayant quelques notions simultanées de l'Afghanistan et des affaires militaires. J'ai aussi cru comprendre que Morillon, Lanxade et autres, qui se proposaient, ne faisaient plus tout à fait recette. D'où une floppée d'interviews, qui oblige à réviser, le tout sur fond d'aller retours hebdomadaires sur Paris et Lille pour y donner mes cours. Et aussi propulsé directeur de recherches à l'IRIS, le tout avec création d'un OSCA (observatoire des stratégies chinoises et asiatiques).
Tout ceci nous a donc très rapidement amené à la fin de l'année, marquée par de grands froids tout à fait inhabituels dans ces régions méridionales, au point que l'on a vu des fermetures de routes pour cause de neige. Dans notre clapier, il ne faisait pas chaud non plus, et nous avons dû prendre nos quartiers de froidure dans une pièce à tout faire, abandonnant la chambre prévue.
Noël fut cette année Marseillais, les Perrin ayant accueilli les grands-parents pour quelques jours, et toute la tribu pour le réveillon et le déjeuner du 25. Sophie nous a hébergé pendant quelques jours, ainsi que Luc et Cath qui ont fait un passage éclair (une nuit à Cournonterral pour y découvrir le nouveau campement des parents et deux nuits, brèves, chez Sophie).